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Pique-mi et mange-moi...
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11 décembre 2008

Les asticots ont-ils une âme ?*

Oh j'ai pris du retard.

Je disais genre, hop hop j'envoie le post sur les limaces, et puis plus rien. Je crains, je sais, mais pas autant que d'autre (ah ah, mais c'est du harcèlement !).

Donc en avant, d'autant que dans ma vie palpitante il s'en passe de belles que j'aimerais vous conter au plus vite - dont une incroyable robe ! qui l'eut-cru, sur un blog de couture...), alors finissons-en avec le documentaire animalier.

Pour commencer, une illustration de choix :

l_asticot

"L'asticot", par Mister M, alias Marc Brunier Mestas, que je vous enjoins chaudement d'aller découvrir à votre tour : Sexe, gravures et rock'n'roll.

Pour que vous compreniez bien la logique de la situation, je vous ai dessiné un petit schéma (bien) de chez nous. Ca me permet :

  1. de combler ma frustration naissante de ne pas savoir dessiner pour pouvoir faire un génialissime blog-BD très drôle comme plein de gens marrants que j'ai découvert recemment, en plus de ceux référencés ci-contre ou ci-dessus ;
  2. de me rassurer sur la justesse de ma décision quand je n'ai pas postulé à l'école d'archi de Vaulx-en-Velin en 1992 après la journée portes ouvertes. Si je ne peux aujourd'hui me rattacher qu'à une seule certitude ce sera celle-ci : je ne veux toujours pas être architecte
  3. accessoirement, d'illustrer le fait qu'on a plein de portes qui prêtent à de génialissimes gags vaudevillesques, l'amant dans le placard et toute la clique, et qu'on s'en donne à coeur joie. Dont acte.

maison

Dessin fait maison, rien à voir avec le Mister M cité précedemment, on aura noté le style légèrement différent.

Il était donc une fois un matin chômé aux alentours de 8h. Alors que Compè pingouin se rend aux WC, nous faisons semblant de ronfler très fort dans la chambre. Il passe la tête et retourne dans sa tanière. Le roux attrape donc la chatoune-tueuse de lapins et la glisse dans sa chambre en fermant la porte et on se remet à ronfler de plus belle genre c'est pas nous. L'enfant fait sortir la chatoune de sa chambre et referme la porte. Le roux recommence : re-la chatoune killeuse (faster_pussycat_kill_kill  !!! Je rattrape la blague oubliée dans le post précédent, tant qu'à faire...), re-les ronflements, re-la chatoune expulsée. Bref, la vieille blague qui tombe à l'eau : L'enfant s'en fout. Ou plutôt, il n'ose pas venir nous voir de peur de se faire houspiller car, s'il ne sait pas lire l'heure, il sait qu'il est interdit de early visites.

Pourtant, le voilà qui débarque aux pieds du lit. Jamais à court d'une bonne blague pourrie, le roux se lève le sourcil froncé et le ton sévère : "que fais tu là ? tu sais quelle heure il est ? qu'est-ce que c'est que cette histoire ?".
Et là, le pingouin se met à pleurer et se jette sur le lit.

Perplexité.

On lui dit qu'on fait des blagues (drôles) et il dit : "c'est pas ça, c'est les limaces et les bébés limaces y'en a plein dans ma chambre..."

Perplexité.

Nous nous rendons donc comme un seul homme dans sa chambre où règne une odeur pestilencielle pour découvrir une invasion d'asticots de tailles diverses, précisément au niveau du lit. Il y en a sur le sol, quelques-uns sur le matelas et l'oreiller, et beaucoup coincés dans la moustiquaire installée quelques jours auparavant...

Le roux les collecte dans une casserole, ça grouille. Il tapote le faux plafond pentu (cf le plan de coupe) et on voit tomber des trucs entre les interstices du faux plafond. Brrrrr. Un petit chat en peluche fourmille de vers blancs. Il servira d'appat dans les jours suivants en étant déposé à des endroits stratégiques (on reconnait les trucs de pêcheur).

En fait il se trouve que nous habitons une partie d'un ancien bâtiment industriel. La grande classe quoi, enfin presque. La toiture s'étend donc par-delà notre home-smelly-home pour abriter 2-3 entreprises sur une très grande surface. Et sous le faux plafond se promènent parfois des rats. Et, puisque la vie est parfois cruelle et toujours à durée limitée, les rats meurent. Depuis chez nous, ça se manifeste par une odeur infecte allant crescendo pendant quelques jours, puis plus rien. Alors on prend son mal en patience et faisant des blagues de bon goût et puis voilà.

Et en l'occurrence, depuis 2-3 jours, une odeur suspecte emanait d'un endroit indeterminé entre la chambre de l'enfant et la salle de bain. Au point qu'il avait suggéré de ne pas dormir dans sa chambre ce soir-là, mais je m'étais dit qu'une fois endormi il ne serait plus gêné, et allez ouste, au lit mon brave.

Et cette nuit-là, les mouches ont pondu, les asticots ont glissé sur le faux plafond en pente, avant de tomber sur l'enfant endormi.

Donc le matin, lors du grand nettoyage, on faisait des blagues, on faisait semblant de les manger en jouant aux Mexicains, on les regardait de très près en jouant aux scientifiques, etc. Genre on dédramatisait cette attaque nocturne et fourbe. Mais moi ça me rappelait vraiment ce vieux film d'horreur où à la fin la fille tombe dans une piscine couverte pleine de cadavres en décomposition où grouillent des milliers de vers de toutes sortes [et je tire mon chapeau à qui retrouvera le titre du film].

L'invasion d'asticots s'est arrêtée dans la journée. L'odeur a disparu. On a décalé le lit de l'enfant et continué à ramasser les envahisseurs. L'enfant en a retrouvé deux ou trois dans son lit la nuit suivante sans pousser de cris de putois. Et moi je me suis dit que c'était bien la preuve que le dégoût est socialement construit.

* Et non, pas la moindre chronique des colonies malgré un titre aguicheur. Hé hé. Quoique... Frère_Bartolomé, viens nous en aide !

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Commentaires
Z
l'espace social oui, mais le sens de la place, je voyais un truc bien plus compliqué (sans offenser les divinités de la socio, avec Pierrot, on pouvait s'y attendre, non?)! <br /> Euh, du coup, je ne sais pas vraiment si on peut dire que le dégoût n'est que culturellement construit, c'est peut-être juste que le Marcassin (may the force be with him) n'a pas encore fréquenté beaucoup de rats en décomposition farcis d'asticots! Après ça, le dégoût rique d'être empiriquement construit chez lui (y'a des sociétés où ils se repaissent de l'odeur, du goût et de la vue des rats morts en décomposition avancée claffis d'asticots? ).<br /> Allez, j'arrête de faire ma chieuse!<br /> Tinkselotte, Kikizita la zoukeuse!
K
**** Lapin : patience mon lapin, c'est que j'avais une fête sur la plage hier soir. <br /> <br /> Alors attention, c'est parti pour the most serious et long commentaire on the blog : <br /> Oui, "le sens de la place", c'est lié à l'espace social de P.B., qui est une représentation du monde social qui croise capital économique (les 'classes sociales' marxistes pour simplifier) et capital culturel (les diplômes et les biens culturels, mais surtout les goûts, les pratiques culturelles etc.). Un individu qui est "à sa place" se sent en adéquation avec les valeurs et pratiques qui prévalent dans son environnement social. Son habitus s'est constitué en accord avec sa place. <br /> Cela interroge les possibilités de mobilité, puisque les individus en ascension sociale risquent de "ne pas se sentir à leur place"(l'habitus étant constitué de dispositions durables), donc de ne pas se sentir légitimes pour dire, pour faire, pour résister, se battre, défendre leurs intérêts et "prendre leur place". Mais surtout, cet ancrage dans l'espace social peut faire que les individus ne vont même pas imaginer qu'ils pourraient : faire des études longues, faire des études courtes, etc. La manière dont les individus se projettent dans l'avenir, dans la société, est fortement déterminée par les capitaux qu'ils détiennent et par leur ancrage dans l'espace social. <br /> Donc, le sens de la place, c'est un peu tout ça. C'est le sentiment de décalage et d'inadéquation avec l'environnement social dans lequel on est plongé, ou au contraire, le sentiment d'être à sa place, d'être légitime. C'est bien sûr également valable pour les divisions entre hommes et femmes, les répartitions des tâches, les choix professionnels, etc. <br /> Pour ce qui est du goût et du dégoût, ils sont bien sûr définis et valorisés de façon différentes dans les différents mondes sociaux : on n'apprécie pas les mêmes choses (musique, art, alimentation, parfum, voiture, etc.) dans le milieu ouvrier et dans la grande bourgeoisie. Les goûts n'ont donc rien d'innés ou d'universels, ils sont socialement construits par le milieu dans lequel on évolue, participent à la constitution de notre habitus (qui nous sommes, socialement parlant) et réaffirmés dans nos pratiques quotidiennes. <br /> Pour les asticots, s'ils ne sont pas de notre goût, ils sont probablement appréciés ailleurs, à leur juste valeur, n'en doutons pas !!! Bon mais là, faut peut-être aller chercher un ailleurs très éloigné culturellement, d'où les Mexicains qui aiment les petits vers grillés à l'apéro ! Tchin !<br /> <br /> D'ailleurs ici, ils vendent des seaux remplis de groin et de queues de cochons en saumure... Ca laisse rêveur...<br /> <br /> Fin de l'interlude sociologique mon lapin ! J'espère que c'est plus clair. Mais si tu connaissais déjà l'espace social, tu avais dû deviner la suite...
Z
non, mais c'est pas vrai! j'ai pas fait le 119, mais par contre, c'est vrai que beurk à fond, les asticots dans le lit!<br /> et puis pourquoi tu veux pas m'expliquer "le sens de la place"? c'est opposable à "espace social"? pour unr fois que je suis sérieuse...
K
**** Mouton : ben c'est vrai que Boulet j'avais jamais farfouillé vraiment, mais là j'y ai passé un bon moment et quel bonheur !<br /> <br /> **** Rabbit-queen : C'est l'avantage des DOM, on peut maltraiter les enfants à coup d'asticots sans crainte ! Pour le sens de la place, on y reviendra prochainement. Bourdieu my friend.
Z
de un, c'est vraiment dégueulasse, et j'ai fait le 119, donc les services sociaux débarquent chez toi d'ici disons deux mois (on est en martinique!).<br /> de deux: "le sens de la place", tu développes pour que la sociologie fasse irruption dans ma vie?
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