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Pique-mi et mange-moi...
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7 février 2009

De l'incompatibilité plage - grève générale.

Ahhhh, c'est la grève générale !!!

Et j'ai loupé le début. Quelle tarte. Tout ça parce que mes parents étant en vacances dans les parages ensoleillés, je les ai suivis de l'autre côté de l'île, sur l'Atlantique, à Tartane, pour quelques jours de bronzette.

Je me suis permis, vu que j'avais fini et envoyé mon projet sur le cancer du col de chemise - et que j'attends toujours la réaction du commanditaire... hum hum.... - et que les ass-dicks, constants dans le foirage de mon transfert de mon dossier, ont fini par m'informer que je n'étais plus demandeuse d'emploi depuis le 21 novembre : le jour où justement ils étaient censés prendre en main mon dossier... Donc plus moyen d'actualiser quoi que ce soit, pas d'indemnités de chômdu depuis plus de deux mois, et pas moyen de les joindre. Ni rien. D'où : la plage en lisant des polars. Et toc !

J'ai donc halluciné sur cette presqu'île. Si on faisait un peu de statistiques ethniques, on pourrait faire une belle carte avec des dégradés et des sauts de section. On s'interrogerait sur les raisons de cet apartheid de fait, et on élaborerait des tas d'hypothèses farfelues portant sur le sens du vent ou des courants sous-marins - et on aurait finalement pas totalement tort. Plus on avance vers le bout de la pointe, plus c'est blanc. Les trois dernières plages dessinent un dégradé qui serait à nuancer selon les jours de la semaine. Il faudrait aussi penser à faire des photos satellites [ça gonflerait sacrément le budget, ce qui n'est pas très vendeur en cette période de disette de la recherche publique]. Bref, d'une plage à l'autre, on a de moins en moins de Martiniquais "noirs" et on a de plus en plus de surfeurs "blancs". Tout ça, les guillemets, c'est pour nuancer, vu que les Martiniquais ne sont pas noirs et les surfeurs sont blonds et bronzés. Mais vous voyez l'idée.

J'étais donc là, essayant de me fondre dans la masse en me débattant pitoyablement avec une planche de bodyboard depuis 2 jours. Je ne suis d'ailleurs pas bien sûr d'avoir saisi la technique permettant de passer la barrière de corail, sans parler de rider la wave. Mais ne gardons que le positif : je me suis récurée le fond des sinus à grande eau, et me suis raffermi le cuisseau à palmer comme une folle dans des avancées frontales contre les rouleaux. Mais dans l'accumulation rythmée de tous ces moments de solitude, j'ai eu le temps de penser à cette drôle de démographie locale et je me suis demandée : "ben elle est où la Martinique, en fait ?". Et je me suis rendue compte que c'était too much, un peu comme si je me retrouvais dans la peau d'un touriste au Club Med, mais avec plus de piknik et de ti-punch que de buffets et de cours d'aquagym - et là encore, on s'est retrouvée avec ma mère à faire une séance de Pilates sous le ciel étoilé avec toutes nos camarades Tartanaises, mais préalablement métros ["métropolitains", distinction entre les natifs du département et les autres...]. Bref, peut-être too much à vivre au quotidien mais ça ne m'a pas empêchée d'être charmée par la pratique laborieuse de la vague au point de vouloir déménager illico presto à Trinité, petite ville située AVANT la pointe, très jolie, et peuplée d'une majorité de martiniquais(es) non-vêtu(e)s de shorts longs à fleurs.

Bref, mais revenons au bout de la pointe. Dans ce Club Med sans G.O. et sans colliers de perles néo-fiduciaires, les enfants allaient à l'école jeudi.

C'est donc quand j'ai décidé de rentrer sur ma côte caraïbe sans vagues - avec le marcassin qui avait séché les cours depuis 3 jours, que j'ai découvert que la révolution avait débuté, et qu'on nous avait même pas prévenus. Qu'on était à l'aube du 2e jour de grève ! Que 20.000 personnes avaient défilé dans les rues de Fort de France. La Martinique était en ébullition, toute la Martinique, sauf la pointe de la Caravelle, car peu importe la politique de Sarko, là-bas y'aura toujours la vague. J'en suis même venue à m'interroger sur la conscience politique du surfeur trentenaire plutôt bien posé dans la vie. Bon, parce que oui, à première vue, on n'était pas face à une population de crevards avides de la vague, pseudo-SDF de vingt ans qui vivent dans  des tentes à la mer ou à la montagne en se nourissant de soupes chinoises. Non, non, non, rien de tel à la pointe de la Caravelle. C'était plutôt la trentaine cool, en famille, avec les gamins, surfers aussi. Et pourtant, j'ai plutôt des préjugés positifs sur les surfers, que le Dieu de la vague me préserve.

Donc de retour au bercail, je me suis rendue compte que l'école était fermée aujourd'hui pour la deuxième journée. Que le supermarché aussi. Que les transports en commun étaient à nouveau suspendus. Que des barrages filtrant perturbaient les embouteillages matinaux. Que des files de voitures se formaient aux stations services. Et que, hors des questions proprement martiniquaises, les weblistes de discussion s'emballaient et s'enflammaient depuis plusieurs jours. C'est alors que le roux s'en est allé à son AG du jour, la fleur au fusil.

Bref, j'ai loupé la première bataille, mais ce n'est que le début camarades ! Maintenant que j'ai sorti la tête de l'eau, je vais tenter de me glisser jusqu'à une manif. Reste à déjouer les barrages sur la seule route de l'île [et le programme festif du week-end...] pour y parvenir.


Pécresse, poil aux fesses ! Jego, poil au dos !*

*D'où l'urgence d'aller à la manif chantonner des trucs plus élaborés.

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Commentaires
K
**** Zelapin : génial ! Je profite de la grève pour peaufiner ce projet et je le propose au conseil général dès la sortie de crise !!!<br /> <br /> **** Mouton : oui, ça se durcit. Mais sans essence et avec blocages de LA route, comment faire des manifs ? Manif au village ! Tous ensemble, tous ensemble...
M
M'est avis que tu vas avoir le temps de bien profiter et de la grève et des manifs, alors pas de panique !
Z
"stratification plagesque et concentration mélaninique en Martinique: particularismes locaux", tu pourras peut-être leur caser ça quand vous aurez fini la révolution?
K
**** Emmath : bon, OK, j'ai losé. Mais je vais me rattraper. Ce n'est que le début ! Depuis ce matin : plus d'essence dans l'île. Si ça dure on va rire...
E
tout part à vau l'eau ma bonne dame!<br /> <br /> t'as loupé la grêve...<br /> j'en reviens pas...
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