Robinson Crusoë contre "the others" (la vie chère, Pécresse, Sarko, les békés, Pôle-emploi -hi hi - etc.)
Gwev la, gwo gwev la !
Bon, alors je fais genre je parle créole, mais non, non, non, juste, j'essaie de survivre dans la révolte insulaire.
État des lieux tropicaux en gwev générale contre la pwofitasyon :
Plus d'essence depuis samedi y'a 10 jours. Ce jour-là, bien avant le début des hostilités franchement ouvertes, des files de voitures (bien informées et/ou qui n'en étaient pas à leur première gwev creyol) s'étaient formées sur la voie rapide, commençant 300 mètres avant la station essence. Nous on s'était dit "qu'est-ce qu'ils font ces cons ?", il nous restait un 1/2 plein, alors on avait suivi notre route. Et depuis, c'est niet pétrole camarades. Chaque jour, des rumeurs (ou des annonces officielles) de réapprovisionnement attirent des files d'automobilistes dans les stations services. Y'a deux jours, j'en ai mesuré une de 1,5 km ! Ça fait long un kilomètre et demi de voitures à la queue-leu-leu, débordant sur la voie rapide, sur l'échangeur, et des gendarmes en tenue de combat ordonnant l'accès à la station selon un ordre aléatoire de priorité (personnel hospitalier, médical, passes-droits divers et variés...). On regarde tous sa jauge d'un œil suspicieux à chaque déplacement,et on surveille son réservoir quand on se gare histoire d'éviter le siffonage intempestif. Pour nous, il est hors de question de se lever à 4h du matin pour aller faire la queue au hasard à la station du coin, parce qu'on ne sait jamais si elle était approvisionné dans la matinée, hein. Les témoignages de ce type sont hallucinants, des attentes de 6 heures, 8 heures, sous un soleil de plomb... Ajoutez quelques-uns qui tentent de resquiller et la file parallèle de piétons avec leurs bidons, et on est prêts à s'entre-jeter des cocktails molotov. D'autant que la voiture en Martinique, c'est sacré ! En tout cas, des stations ferment en raison des tensions et des risques de dérapages même si en général, les gens semblent faire preuve d'une patience hors du commun.
Donc pour notre part, on ne se bat pas pour le pétrole. Faut voir qu'on a pas beaucoup de raisons de se déplacer. Les embouteillages matinaux ont même disparu.
Plus d'école depuis deux semaines ni d'université, plus de boutiques, plus de supermarchés, plus d'institutions publiques, plus d'entreprises privées, plus de MJC au village (plus de cours de gym ni de Pilates !) ni de boulangerie, et depuis 2 jours, plus de Pôle-emploi (...et c'est là qu'on découvre qu'ils bossaient jusqu'alors !).
En général, les petites supérettes de quartiers ouvrent, vendant (parfois à travers la grille) ce qui leur reste en stock, se faisant approvisionner localement au gré des producteurs locaux (de concombres !). Là aussi, faut être à l'écoute de la rumeur qui dit que le 8/8 va être réapprovisionné en PQ, et ne pas hésiter à se jeter dans la foule en délire... Par chez nous, on trouve donc des fruits et légumes, du rhum, on a des stocks de riz-légumes sec-pâtes et un congélateur bien rempli. Le matin tôt, les pêcheurs vendent du thon au kilo sur le bord de la route et les mangues tombent des arbres par dizaine. C'est au poil ! Il faut juste qu'on surveille notre bouteille de gaz puisqu'il n'y a plus de recharge dans l'île. Alors on fait des barbecue. Hé hé.
Finalement, on n'a donc pas tellement de raison (ni de moyens !) de sortir de chez nous.
La dernière grande expédition, c'était mardi dernier pour aller manifester, bien sûr. Voici quelques photos, principalement dans le cortège des universitaires fâchés. Une dizaine de milliers de gens marchant et chantant pendant 5 heures dans les rues de Fort de France désertée. Là encore, un soleil de plomb. Une chaude ambiance entre manifestants et avec les quelques passants ou touristes étonnés.
Pour plus de photos et d'infos sur la mobilisation des universitaires, cliquez...
Là je voulais vous mettre un petit extrait sonore enregistré à la manif, mais je ne sais pas comment faire...
"Campus la, cé ta nou, campus la cé pa ta yo, la réforme pécresse la, nou ka fouté ça déwo !"
Bon, sinon, à partir de demain, des coupures électriques inopinées sont prévues, toujours pas d'essence ni d'école... La lucha sigue comme on dit quand on se laisse pousser la barbe...
[The teaser]
Comment s'occuper pendant la grève ?
- Faire de la couture ?
- Chercher un boulot ?
- Les deux ?
...vous le saurez en revenant lire les folles aventures de Kiki sur l'île de la tentation.
Uh uh uh !